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Étrange soirée chez Anandji

par | 19 février 2013

Maître Anand Prakash Srivastava, avocat à la Haute Cour d'Allahabad, à son bureau

Kumbha Mela 2013 – Hier soir, Anandji nous a invité à venir manger chez lui aujourd’hui, ainsi qu’Alain qui a de la fièvre. Il lui a proposé de dormir à son domicile et lui a fixé rendez-vous à 18 heures au camp pour le prendre en voiture. Il nous a aussi proposé de dormir chez lui, mais avec Lavinia, nous avons décliné.

Comme nous savions que nous serions au Sangam dans la journée et que nous ne voulions pas revenir jusqu’au camp pour profiter du lift, il nous a donné de vagues expications pour qu’on puisse venir directement depuis le Sangam. «C’est à l’entrée d’Allahabad, juste après le pont du chemin de fer» nous avait-il dit en nous proposant de passer déjà entre 15 et 16 heures. Tu parles…

Sortie de la Kumbha Mela, direction « George Town »

Vers 16h, alors que nous sommes au Sangam et qu’on pense être près de chez lui, on se met en route. On prend Daragang Ghat Road, la principale avenue allant de la Kumbha Mela à Allahabad et qui suit les rails de chemin de fer. J’ai heureusement la carte de visite d’Anandji avec moi, sur laquelle est mentionnée son adresse. Je la montre à plusieurs reprises à des commerçants du coin qui nous disent de continuer la route en direction d’Allahabad.

Un kilomètre et demi après être sortis de la Kumbha Mela, nous rejoignons l’Alopibagh Flyover, un des grands carrefours de la région. On est un peu perdus et je demande le chemin dans une boutique, mais le gars qui nous répond ne sait pas. Il nous dirige vers un bataillon de flics en tenue anti-émeute. Je m’adresse à celui qui a l’air d’être le chef, en commerçant par lui demander s’il est d’Allahabad, vu qu’à la Kumbha Mela il y a 35’000 flics qui viennent d’un peu partout. Coup de bol, il est du coin. Mais n’en sait pas plus. Il prend la carte de visite, se renseigne auprès d’autres et la carte passe de mains en mains. Des badauds viennent voir s’ils peuvent aider. Ils connaissent bien la direction générale à prendre, mais pas plus.

Un jeune étudiant se propose alors de nous accompagner, car il va dans la même direction. On discute en marchant. Il vient de la campagne, mais suit des études à l’université d’Allahabad et loge chez des parents qui habitent dans le quartier. C’est un jeune homme calme, intelligent et d’une rare gentillesse. C’est un plaisir de faire un bout de chemin avec lui.

Deux heures de marche

On longe des petites rues résidentielles avant de rejoindre un axe plus fréquenté qu’on suit. En passant l’étudiant nous montre où il habite. Je le remercie d’être venu avec nous jusque là, mais il insiste pour nous aider à trouver notre destination. Un peu gênés, on accepte néanmoins. On passe sous un pont, puis sous un second, avant d’arriver à une station service en piteux état, où nous bifurquons à gauche pour prendre une interminable route. Il se renseigne régulièrement, mais on lui indique toujours de continuer, jusqu’à ce qu’enfin, trois kilomètres plus loin, on arrive à un carrefour où on nous dit de revenir en arrière. On s’enfonce alors dans un autre quartier résidentiel avec d’imposantes propriétés modernes, jouxtant de superbes anciennes maisons coloniales à l’abandon.

On marche depuis plus de deux heures et la nuit commence à tomber. J’ai des cloques en formation à cause de mes tongs et, avec la transpiration, une méchante irritation aux fesses qui me fait souffrir à chaque pas. Je peste sérieusement contre notre avocat et son « juste après le pont du chemin de fer », lorsqu’enfin on tombe sur quelqu’un qui le connaît. Coup de bol, c’est un voisin d’Anandji. Il prend le relais du jeune étudiant que je remercie bassement. J’essaie de lui offrir cent roupies pour le sérieux service qu’il nous a rendu, mais il refuse à plusieurs reprises et je dois lourdement insister pour qu’il accepte.

Avec le voisin, nous tournons dans un petit chemin en cul-de-sac cent mètres plus loin, lorsqu’en sort la fille aînée d’Anandji au guidon de son scooter. On se sépare du voisin qu’on remercie à son tour, puis la fille d’Anandji revient en arrière avec nous. Il est 18h30 et on s’est tapé plus de cinq kilomètres depuis la Kumbha Mela…

Anandji dort à notre arrivée

On s’arrête devant la porte métallique d’une grande villa en béton, construite sur deux niveaux, dont la façade jaune est en partie couverte de mousses. De toute évidence, le vétuste bâtiment a connu plus d’une mousson. Un jardin mal entretenu est entouré de haies sur notre gauche. D’autres immeubles semblables bordent l’allée dans laquelle nous nous trouvons.

La porte métallique donne sur une pièce carrée aux murs turquoise, éclairée au néon. Une télé trône dans un coin, à côté d’un lit étroit recouvert d’une couverture usée qui fait office de divan. Des rayonnages sont installés dans de larges alcôves, chargés de flacons de médicaments, de photos de famille, de souvenirs et de bibelots divers.

Anandji somnole sur un grand lit à gauche de l’entrée. Il ouvre un œil et nous découvre avec une surprise évidente. Il est rentré du tribunal d’Allahabad une demi-heure auparavant et semble avoir complètement oublié qu’il nous a invité à manger ce soir. Alain, qu’on s’attentait à trouver ici, n’y est pas. Anandji était pourtant censé aller le chercher au camp à 18 heures…

Lavinia dans le salon d'Anandji

Le patriarche

Il nous fait prendre place sur le lit et amène des snacks et du tchaï. On discute un peu. Enfin, surtout lui. Il accapare la parole, monologue, logorrhée. Imbu de lui-même, il passe son temps à nous conter ce qu’il considère comme ses bonnes actions. Sa femme, ses filles, son fils, son boulot d’avocat. Il a un besoin pathologique de prouver au monde que c’est un homme de bien. Anandji est de fait un patriarche ultraconservateur, qui vit dans une époque révolue. Il est le maître et décide de tout au sein de la famille, pour sa femme, pour ses enfants.

Ses filles – la cadette est aussi à la maison – viennent parfois suivre la conversation. Leurs regards et leurs mimiques trahissent clairement ce qu’elles pensent de la manière de penser de leur père. Elles contestent un peu parfois, mais n’osent pas lui rentrer trop frontalement dans le lard, préférant attendre qu’il s’absente un moment pour nous faire part de leurs positions, beaucoup plus progressistes. Elles nous racontent les conflits de valeurs qu’elles vivent au quotidien avec lui. Deux visions de la société indienne s’affrontent dans cette petite villa bourgeoise, ce qui semble ne pas se faire sans douleur.

L’aînée, qui a vingt-huit ans et effectue de la recherche en psychologie, ouvre le chemin. Elle a étudié plusieurs années à Calcutta, durant lesquelles elle a pris son indépendance qu’elle défend désormais bec et ongles, ce qui cause de violentes disputes avec son père. Etonnamment, elle trouve tout à fait normal que ce dernier lui cherche activement un époux.

La femme d’Anandji est absente. Elle est à Varanasi quelques jours, au chevet d’un des frères d’Anandji qui vient de se faire opérer. On n’aura donc pas l’occasion de faire sa connaissance, ni d’avoir son point de vue.

Visites et clients

Une heure plus tard, son frère fait un saut avec son indéridable femme. Tous trois s’assoient sur le lit-sofa à côté de la télévision, discutent en hindi, du fric passe de main en main. Puis le couple repart comme il est venu. Sans un sourire.

 

Les bêtes de foire

Maître Anand Prakash Srivastava, avocat à la Haute Cour d'Allahabad dans son cabinet

Anandji attend des clients vers 19 heures. Son cabinet se trouve dans la maison, dans une seconde partie du bâtiment. A 20 heures, il s’absente. Un quart d’heure plus tard, il nous fait appeler et demande à ce qu’on vienne dans le cabinet. On ne comprend pas trop pourquoi, mais on y va. Lorsqu’on entre, une demi-douzaine de personnes, des villageois de toute évidence, sont assises devant son large bureau directorial couvert de dossiers. Nous sommes présentés comme ses «amis de Suisse». Nous restons debout un instant sur le côté de la pièce, très mal à l’aise, nous demandons ce que nous faisons ici. Comme rien ne se passe, nous ressortons de la pièce, avec l’étrange et désagréable sentiment d’être pris pour des bêtes de foire qu’Anandji exhibe devant ses clients pour flatter son égo.

Anandji devant ses livres de droit indien, tous délicatement emballés dans du plastique

Il revient une demi-heure plus tard, durant laquelle nous discutons entre quatre yeux avec ses filles. Il déclare ensuite qu’il va aller faire à manger et quitte la pièce, pour revenir presqu’aussitôt. Lorsqu’Anandji dit qu’il va «faire à manger», c’est apparemment qu’il va commander en cuisine le menu qui lui fait plaisir; à ses filles en l’occurrence. Il nous a déjà fait le coup au camp. J’ai donc quelques difficultés à comprendre les éloges récurrents sur ses compétences culinaires…

Un ami de son fils, qui révise dans sa chambre en prévision d’un examen qu’il a demain, arrive en scooter durant la soirée. Puis des voisins passent aussi un moment pour discuter avec Anandji. On discute avec une de ses filles qui sort un ordinateur portable, Lavinia relève ses mails.

A plusieurs reprises, Anandji nous propose de dormir chez lui, ce que nous déclinons à nouveau.

22h, on passe à table. Pas les filles…

Vers 22h30, nous passons à table, lui et nous. Les filles ne nous accompagnent pas. Comme on est toujours un peu mal fichus, on n’a pas trop d’appétit, mais on mange tout de même la moindre pour faire honneur aux cuisinières. On a droit à un sabzi-pulao accompagné de chapati. Anandji s’empiffre, tout en nous expliquant qu’il est diabétique. Ça semble d’ailleurs être la maladie du siècle en Inde. Déjà au camp de Moji Baba, j’avais été impressionné par le nombre de diabétiques parmi nos râjasthânis, notamment notre Mamaji et sa soeur. Comme elles, Anandji se rue sur les desserts indiens hyper sucrés à la fin du repas. Ce soir, c’est un excellent halva qui nous est servi. Mais un bol entier, qui y passe sous les coups de cuillères d’Anandji.

Lors d’un énième monologue qui accompagne le repas, il nous expose notamment sa conception du rôle de la femme, ce qui fait grimper Lavinia aux murs. Elle se retient difficilement d’exploser et je la sens se crisper, bouillonner à mes côtés, prête à bondir toutes griffes dehors.

Anandji nous parle aussi de son travail d’avocat à la Haute Cour d’Allahabad, voire parfois jusqu’à la Cour Suprême indienne. Il semble surchargé de boulot et dit que sa maison est pleine de dossiers, jusqu’au premier étage de la villa. Il affirme traiter entre vingt-cinq et trente-cinq cas par jour. Il nous sort les plannings des audiences qu’il reçoit du tribunal, qui semblent attester ses dires. Pourtant un doute plane, car il nous a affirmé quelques jours auparavant qu’il avait quotidiennement quatre à cinq dossiers à traiter.

je me pose aussi de sérieuses questions sur sa qualité d’avocat. Anandji est une personne qui passe son temps à s’écouter parler, mais est incapable d’écouter ce que lui dit autrui. Est-il possible d’être un bon avocat dans ces conditions? je m’interroge sérieusement…

Difficultés à retourner au camp

Le repas terminé, Anandji insiste encore pour qu’on reste dormir. De toute évidence, il n’a aucune envie de nous ramener, alors qu’il s’est engagé hier à nous reconduire au camp en fin de soirée. Il n’ose pas le dire frontalement, mais on le sent bien. Nous, on n’a aucune envie de dormir chez lui, on le lui avait dit et on a été très clairs. Je prétexte donc des médicaments à prendre impérativement avant de me coucher pour qu’il nous ramène. Ce qui n’est pas complètement faux, vu qu’étant insomniaque je ne peux fermer l’œil sans somnifère.

En fait, il n’a surtout pas envie d’aller avec sa voiture dans la Kumbha Mela où les routes sont encore en piteux état après la tempête de ces derniers jours. Il essaie donc d’en faire le moins possible. Il nous propose de nous laisser à l’entrée de la Kumbha Mela, puis au pont 11, à deux kilomètres du camp. J’ai des cloques aux pieds à cause de mes tongs et mon irritation au cul qui me fait souffrir à chaque pas. Je n’ai donc pas trop envie de me taper encore des kilomètres à pied avant d’arriver au camp, d’autant qu’il est bientôt minuit. Perso, quand je m’engage à quelque chose, je m’y tiens et je commence à en avoir sérieusement ras-le-bol de ses engagements qu’il ne tient jamais et de ses fanfaronnades. Le lapin qu’il a posé à Alain aujourd’hui me reste aussi en travers de la gorge. Je ne trouve vraiment pas correct. J’insiste donc pour qu’il nous ramène au camp comme convenu.

Du coup, il réquisitionne le copain de son fils qui est toujours là pour nous ramener. On ira en scooter et non en voiture. Le copain du fiston grimpe sur son scooter et je monte derrière. Anandji saute sur le sien avec Lavinia et on disparaît dans le froid des rues obscures d’Allahabad. Le retour se fait beaucoup rapidement que l’aller. Après avoir passé quelques check-points sans même ralentir, on entre dans la Kumbha Mela, on longe les rues désertes et défoncées en direction du camp. On décolle de nos selles à chaque tour de roue.

Andy

La Kumbha Mela à minuit

AndyDans une ambiance surréaliste, on voit apparaître sur le bord de la route, dans la lumière orangée des réverbères, un jeune occidental avec une valise de carton et une guitare, perdu au milieu d’un no man’s land. Il est enveloppé à l’indienne dans une couverture, des perles et des plumes attachées à ses longues mèches de cheveux. On s’arrête, il nous demande la direction du Rainbow Camp. Ben, il y a encore un bout, jusqu’au Rainbow Camp… Anandji lui propose de venir dormir à son camp. L’avocat déclare, sans demander l’accord de l’intéressé, que le copain du fiston reviendra le rechercher avec son scooter après nous avoir déposé.

On a rencontré Andy, un anglais passionné d’ornithologie qui vient de passer un an et demi dans une tribu reculée en Papouasie et qui séjournera plusieurs jours avec nous au camp d’Anandji.

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